Je le nomme ainsi car il invente des histoires plus vite que son ombre. C'est une qualité que j'apprécie. Cela me rappelle les repas-rédactions à la maison: chacun donnait ses idées pour les rédactions d'imagination, dans lesquelles je piochais pour rédiger entre 21h et 2h du matin.

Le Conteur est un observateur. Il prend beaucoup de temps pour se prononcer et donner son avis. Moi qui suis plutôt fonceuse, il m'a fallu du temps pour m'y habituer. L'avantage est que cela me permet de ne pas partir dans tous les sens, d'être plus posée.

Le Conteur sait arrêter le temps: quand je suis blottie dans ses bras, le garde-temps s'immobilise puis repart au ralenti. La vie défile plus lentement.

C'est mon thème de réflexion de cette année. Il m'est apparu comme ça, un matin, au détour d'un pot de fleur: "Ne pas se sentir abandonnée pour pouvoir s'abandonner".

D'après Bob le 12ème du nom, "Abandon: action de renoncer à une chose, de laisser. Action de se laisser aller, de se détendre, effet agréable qui en résulte"

Il est vrai qu'entre abandon et lâcher-prise, la différence est minime. D'ailleurs il a été mon thème il y a deux ans. Ca m'a permis de bien avancer. Mais pour certaines choses, je n'arrive pas à lâcher prise, notamment sur les situations qui me révoltent: ce que je considère comme de la malveillance, l'attitude de certains Adorables Chefs, et les conséquences au niveau hospitalier. Je ne peux pas me dire que ce n'est pas de mon resssort.

Je me dois de m'indigner devant ces situations, mais je ne peux me rendre malade pour elles. Constater les faits tout en gardant l'esprit lucide. En abandonnant ces colères, j'espère qu'il sera plus facile de m'abandonner aux plaisirs de la vie!

Il y a quelques mois je suis allée chez des amis, chez qui pour une fois l'ambiance m'a semblée calme et détendue. Pas de cris, des discussions sans accusations. La soirée a été excellente. J'en ai hâtivement conclu qu'enfin cela allait mieux entre eux, que la communication était rétablie. Que nenni! J'ai appris quelques jours plus tard qu'ils étaient au bord de la rupture.

L'autre jour je suis allée chez une amie, et quand son Ami est arrivé, je me suis tendue. J'étais aux aguets, persuadée que quelque chose n'allait pas. Tout l'indiquait dans son attitude: sa façon de se tenir, de parler.. A tous les coups, ça allait crier. Et bien non. Tout allait bien.

Comme quoi je regarde toujours les scènes qui se jouent autour de moi avec un filtre d'interprétation devant les yeux. Le premier couple se comportait comme mes parents quand tout allait bien, tandis que le second avait le comportement avant une crise familiale.

Intéressant de se rendre compte que les filtres et préjugés sont bien présents et réels!

Pour vous qu'elle est la différence entre mentir et garder un secret?

Je connais une grande Dame: La Dame aux Yeux d'Eaux.

Discrète, quand elle parle elle a cette voix qui apaise. 

De sa voix chantante j'ai appris beaucoup de choses: comment se positionner dans l'espace, comment laisser les armes à l'extérieur d'une discussion... En l'observant j'ai appris à m'habiller, à oser, à bouger. En la cotoyant je me suis rendue compte qu'avec sa gentillesse, ses réflexions et sa droiture, elle arrivait à rallier plus de monde que n'importe qui.

J'ai surtout appris l'amitié: comment discuter sans se fâcher; comment aider et soutenir dans les moments les plus difficiles, et comment guider en laissant tous les choix possibles à l'autre...

A la réflexion, je crois que mon amie est un Senseï... Mais chut! Elle ne le sait pas!