• Ou techniciens de surface, il parait que ca fait plus chic.

    Quand vous passez à côté d'un hôpital, essayez de le voir non pas comme un lieu où l'on soigne, mais un lieu qu'il faut soigner.

    Regardez ces immenses fenêtres, ces murs; imaginez les portes (le nombres de poignées de porte qui existent), les coins, les kilomètres de couloirs, les toilettes (mêmes celles que vous avez mis deux ans à découvrir), les salles de machines, les chambres, les bureaux, les salles d'op'...

    C'est dans ce lieu que se croisent la proie et le chasseur: la bactérie, le virus, le microbe, bref, le germe; et le malade. Un paradoxe quand on y pense.

    Pour éviter que la bête traquée ne se fasse manger toute crue, une seule solution: le nettoyage. Les sols sont lavés, les poignées de porte désinfectées, les toilettes faites, et ceci tous les jours. Rien de tel pour éradiquer une gastro galopante que de faire appel à une équipe de femmes de ménage!

    Oui, les blouses blanches sont là pour sauver des vies. Mais les autres blouses leur permettent de faire le travail dans des conditions décentes, et si personne ne le faisait on se retrouverait avec un hôpital ayant des performances du moyen-âge.




    4 commentaires
  • Dans les deux posts qui suivent, je tiens à parler des personnes qui comptent énormément dans un hôpital mais dont on ne parle pas souvent.

    Le premier, c'est le coiffeur. Le salon de coiffure, c'est la liberté dans un hôpital. ENFIN la vie normale! Entre toutes les thérapies, les blouses blanches, les "il faut.. "vous devez... " "Votre avenir.. ".Enfin un lieu qui raccroche à la vie réelle. Un lieu où on peut raconter sa vie sans que ca soit noté sur un dossier, ou pris en compte dans une thérapie, enfin un lieu où on peut rire, médire, raconter des ragots!

    Les coiffeurs des hôpitaux (bon, des centres de rééduc, je connais sur tout ça!) se doivent d'être comme à l'extérieur. D'être normaux. Avec un sacré sens de l'esthétisme pour redonner le sourire à des personnes qui ont toutes les bonnes raisons de le perdre.

    Tout ça je l'ai compris lors d'un de mes stages. Une patiente hémiplégique avec une grosse histoire de vie, et une maison dont l'intérieur serait complètement modifé à son retour. Une personne charmante qui ne pourrait plus jamais faire ses balades en montagne. Et qui  commençait doucement à vouloir sécher les thérapies.  Une visite chez le coiffeur, une frange rose vif une heure plus tard, le sourire collé sur son visage, et cette magnifique phrase: "maintenant que j'ai pris soin de moi je peux travailler!" Le soin n'est pas toujours là où on le pense...


    6 commentaires
  • Ces deux termes sont utilisés comme des synonymes, et pourtant, si ils sont deux c'est bien parce que l'un et l'autre ne veulent pas dire la même chose...

    L'autonomie, c'est la capacité de vouloir. Là, maintenant tout de suite je veux te voir, par exemple.

    L'indépendance, c'est la capacité de pouvoir. Là maintenant tout de suite, je ne peux pas te voir parce que je ne peux pas prendre le train (il est trop tard) pour être auprès de toi.

    Une personne indépendante n'est donc pas forcément autonome, et vice versa.

    Par exemple, dans les Intouchables le tétraplégique est autonome: il décide de l'heure des thérapies etc. Par contre il est dépendant pour réaliser sa toilette et son habillage.

    Si on réfléchit bien à nos vies, on se retrouve forcément à un moment où à un autre à être dépendant  ou à ne pas être autonome... Et parfois ça a du bon :on a toujours besoin des autres !


    3 commentaires
  • Derrière ce terme un peu barbare, se cache la fameuse Evaluation A Domicile. D'aucuns l'appelle la VAD pour Visite A... La différence serait que dans le premier terme on évalue comment la personne fait quelques unes de ses activités de la vie quotidienne (AVQ) et que dans la seconde, on regarde juste comment est le domicile. Bon, pour être honnête, je rajoute toujours avec ou sans le patient, pour que le médecin comprenne. De la communication que diable!

    Cette EAD permet plein de choses: la première est de voir à quoi ressemble le lieu de vie du patient, où se situent les meubles, quel est son entourage... La vie montrée et décrite à l'hopital est parfois bien différente de celle du domicile. Cela permet de se rendre compte de ce que la personne arrive à faire: chez soi, généralement ca va mieux. Sur le terrain, en compagnie du patient, on peut vraiment parler du concret: du fait que non, pour une porte de 60cm, on peut faire ce qu'on veut  mais le fauteuil de 70cm de large ne va pas passer. On peut envisager alors les transformations à faire. Cela va de la simple poignée, de la barre d'appui, de l'aménagement différent des placards, au chamboulement total: mise en place d'une douche, casser des murs pour faire passer un lit...

    Muni de tous ces renseignements, plus les papiers le linge propre pris, on fait le retour à l'hopital. Celui ci est souvent plein d'émotions: c'est perturbant de rentrer à la maison pour quelques heures, puis d'en repartir pour une longue periode. D'avoir juste dit Coucou au chat, et puis de ne plus le revoir. Cette évaluation permet de ramener des renseignements précieux: de quel coté se situe la main courante de l'escalier, combien de mètres il y a entre le lit et les WC, est ce que la personne peut se relever seule des WC...

    On peut ainsi reproduire au plus proche de son domicile une salle de traitement et entrainer ce qui pose problème, ce qui fait peur. Cela permet de créer un nouveau lien avec le patient. Nous, on a vu comment il est rééellement, chez lui.

    Enfin, cela permet de voir comment la personne est entourée: une famille prête à acceuillir le malade, à inviter toute la famille de maçon et électricien (des enfants dans l'artisanat, c'est beaucoup plus pratique quand on a fait un AVC que des enfants avec de hautes études!). ou un frigo vide depuis des mois... et personne qui relève le courrier...

    J'aime faire les EAD. Je me représente mieux la personne, comment elle vit ses occupations, quelles places elles prennent dans sa vie.


    2 commentaires
  • Deuxième séance avec Madame Chou, 80 ans.  Je lui propose de la "mettre en situation" (reproduction de l'environnement du patient, que ce soit le travail, le domicile etc.... Le but est d'observer les actions du patient). Pour Madame Chou ça sera entrer et sortir du lit, qui est bas comme chez elle; puis entrer et sortir de la baignoire.

    - " Mais j'vous ai dit que j'ai une planche de bain à la maison (planche qu'on pose sur la baignoire: la personne s'asseoit sur la planche, passe les jambes  par dessus le rebord et peut se doucher sans se lever. Très pratique pour éviter les chutes).

    -Oui, mais j'aimerais voir comment vous faites, pour vous asseoir dessus. Maitenant que vous avez fait un séjour à l'hôpital, peut -être que ca sera plus dur pour vous,.. C'est juste pour être sure, et après on remonte dans votre chambre."

    En soupirant Madame Chou enjambe la baignoire, les deux mains appuyées sur la planche de bain, fait demi tour puis s'asseoit.

    "-Vous faites toujours comme ca à la maison?

    - Ben oui, j'vois pas comment faire autrement.

    - Il existe une autre méthode qui me semble plus simple. On fera l'essai demain, si vous voulez (un peu mon n'veu!) ; comme ça vous pourrez voir la différence."

     

    Le soir même, j'ai RDV chez le coiffeur, qui m'enlève 15cm de cheveux.

     

    Le lendemain, Madame Chou me déclare:

    "- AH!Vous êtes gentille vous! C'est pas comme votre collègue, hein! elle m'en a fait voir de toutes les couleurs! Et  que je doive aller me coucher et me relever, et que j'entre dans la baignoire pour en ressortir....."

    Comme quoi une bonne coupe permet d'en apprendre beaucoup sur soi-même!


    1 commentaire